La place du Trocadéro est créée en 1869 sur la colline de Chaillot. Elle tire son nom d’une victoire militaire française en Espagne en 1823. Elle devient un symbole de paix au cours de l’Exposition internationale de 1937 qui a lieu à Paris.
Dans le contexte troublé des années 30, marqué par une crise économique sans précédent et par la montée des totalitarismes, une Exposition internationale « Arts et techniques dans la vie moderne » est organisée à Paris en 1937. Le site du Trocadéro et du Champ de Mars est choisi pour l’accueillir. L’exposition se veut un lieu d’échanges techniques, économiques et intellectuels favorisant la paix. Pourtant, la montée des périls est visible jusque dans les jardins du Trocadéro, où les imposants pavillons de l’Allemagne nazie et de l’URSS stalinienne se font face.
Sur la place du Trocadéro trône le Pavillon de la paix, dont l’aménagement a été coordonné par le Rassemblement universel pour la paix (RUP), qui réunit des pacifistes de différentes obédiences et qui a pour coprésident Pierre Cot, ministre de l’Air du gouvernement Blum. Ce pavillon présente des expositions didactiques sur le coût des guerres, sur la SDN et son travail pour la paix ou encore sur la guerre d’Espagne en cours. En son centre s’élève une colonne de la paix, réalisée par Albert Laprade et Léon Bazin. Elle fait 50 mètres de haut et elle est recouverte de rameaux d’olivier sculptés, symboles de paix. Cette colonne, dont les organisateurs de l’exposition auraient voulu faire « un monument permanent et significatif de temps meilleurs », ne survécut pas à l’exposition.
A sa place est inaugurée le 11 novembre 1951 par le président Vincent Auriol une statue équestre du maréchal Foch († 1929), un des chefs militaires français de la Première Guerre mondiale. En 1956, un Monument à la gloire de l’armée française de 1914-1918, dû au sculpteur Paul Landowski, est installé dans un angle de la place, appuyé contre un mur du cimetière de Passy. Enfin, en 1978, on ajoute au nom de la place « et du 11-novembre », date anniversaire de l’armistice de la Première Guerre mondiale.
Ainsi, cette place où les pacifistes des années 30 voulaient conjurer les menaces de guerre et célébrer la paix a été transformée sous les IVe et Ve Républiques en lieu de mémoire de la Première Guerre mondiale, alors que celle du pavillon et de la colonne de la paix est tombée dans l’oubli, emportée par l’opprobre jetée sur le pacifisme de cette époque au sortir de la Seconde Guerre mondiale.