Pendant l’Exposition internationale de 1937, les jardins du Trocadéro accueillent une vingtaine de pavillons de différents pays, dont celui de l’Espagne, où est exposé pour la première fois Guernica.
Lors de l’Exposition universelle de 1937, dont nous avons déjà parlé à propos du Pavillon de la paix, une quarantaine de pays disposent d’un pavillon. Celui de l’Espagne se situe dans le bas des jardins du Trocadéro, à gauche quand on regarde la Tour Eiffel depuis l’esplanade. En 1937, le pays est en pleine guerre civile entre Républicains et Franquistes, ces derniers étant soutenus par l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste dont les pavillons ne sont pas très loin. Pour assumer la décoration de son Pavillon, le gouvernement républicain s’adresse aux artistes espagnols vivant à Paris.
Le Pavillon ouvre ses portes après le reste de l’Exposition, le 12 juillet. Les visiteurs peuvent y admirer La Fontaine aux mercures d’Alexandre Calder, une grande peinture murale de Miró, intitulée Le Faucheur ou Paysan catalan en révolte, figure coiffée d’un béret rouge qui observe un ciel étoilé. Cette œuvre contraste fortement avec l’autre peinture monumentale exposée dans le pavillon, Guernica, de Pablo Picasso. Cette immense peinture sur toile est une réaction au bombardement, le 26 avril 1937, de la petite ville de Guernica au Pays basque par les aviations allemande et italienne. Décrit par les Nazis pendant l’Exposition comme « le rêve d’un fou […] un pêle-mêle de symboles incompréhensibles et de morceaux d’êtres humains, le tout paraissant dessiné par un enfant de quatre ans », ce tableau fait voir la violence, la douleur, la mort et l’impuissance, en noir et blanc, à la manière des photographies de guerre de l’époque. Cette œuvre emblématique, certainement la plus célèbre du peintre, est avant tout un cri de Picasso contre la guerre et ses destructions mais on peut aussi l’interpréter comme un poignant appel à la paix.
Lorsque, quelques années plus tard, Picasso reçoit pendant la guerre la visite de l’ambassadeur nazi Otto Abetz dans son atelier parisien, celui-ci tombe sur une photo de Guernica, que le peintre avait envoyé à New York dès la fin de l’Exposition internationale, et lui demande : « C’est vous qui avez fait ça? » Ce à quoi Picasso répond : « Non, c’est vous. »
Guernica, selon la volonté de Picasso, ne retourna en Espagne que lorsque la démocratie fut rétablie dans ce pays après la mort de Franco.