Mohandas Karamchad Gandhi, surnommé le Mahatma (la « Grande âme »), est passé à Paris en 1931 et y a tenu une conférence à l’invitation de Louise Guieysse, de la Ligue Internationale des Femmes pour la Paix et la Liberté (LIFPL).
Revenant de la seconde Conférence de la Table ronde sur l’avenir de l’Inde qui venait de s’achever à Londres, Gandhi repasse par Paris le 5 décembre 1931. C’est une véritable foule qui l’attend à la gare du Nord. Lors de la Marche du sel, l’année précédente, Gandhi est devenu une figure médiatique internationale. Après un meeting avec les Indiens de Paris à l’hôtel de la gare Saint-Lazare, il donne le soir une conférence devant 2 500 personnes au Magic City, parc d’attractions populaire pour adultes sur le quai d’Orsay où sont organisés des grands bals comme ceux des travestis, et où se tiennent aussi occasionnellement des meetings politiques ou syndicaux.
Leader incontesté de son peuple face au colonisateur britannique, il parle à ses auditeurs et à ses auditrices de ses campagnes de satyagraha, basées sur la désobéissance civile et la non-violence. Il les encourage à choisir eux aussi la non-violence et à ne pas participer aux guerres. « Les méthodes dont j’ai parlé, précise-t-il, sont appliquées par un peuple qui représente un cinquième de l’humanité. Elles sont susceptibles d’une application universelle ».
Le lendemain, il quitte Paris pour la Suisse où il a rendez-vous avec l’écrivain pacifiste Romain Rolland, prix Nobel de littérature, qui est aussi son biographe. Puis il rejoint l’Inde via l’Italie. L’Inde obtint son indépendance en 1947 et Gandhi fut assassiné en janvier 1948. Cette année-là, le prix Nobel de la Paix ne fut pas décerné car le comité Nobel jugea qu’aucune personne vivante n’était digne de le recevoir.
Gandhi a inspiré de nombreux mouvements et figures de la lutte pour les droits civiques, la liberté et la résistance à l’oppression : Martin Luther King, Nelson Mandela, le Dalaï Lama et bien d’autres se sont réclamés de son héritage. En 2007, l’ONU lui rend hommage en déclarant le 2 octobre, date anniversaire de sa naissance, Journée internationale de la non-violence.
Le Magic City fut détruit en 1942 et aucune plaque ne marque aujourd’hui le passage de Gandhi à Paris en décembre 1931, même si une avenue porte son nom dans le bois de Boulogne. En 2013, le parlement français a introduit une formation à la résolution non-violente des conflits dans la formation des enseignants. Une première mondiale !
“Il me semble que le monde est fatigué des guerres sanguinaires.”
– Gandhi, Magic City