Nouveau venu dans le paysage des quais de Seine et des musées parisiens, le musée du Quai Branly pour les Arts non-occidentaux a ouvert ses portes en 2006.
Son inauguration a eu lieu en présence de personnalités engagées pour la paix et la tolérance telles que Rigoberta Menchu, prix Nobel de la Paix en 1992, Kofi Annan, Secrétaire Général des Nations Unies et Claude Lévi-Strauss, le célèbre anthropologue qui a cherché toute sa vie à montrer par ses travaux que toutes les cultures sont égales.
L’ambition du musée est d’accorder la place qui leur revient aux arts non-occidentaux et au patrimoine des civilisations qui ont été ou sont tenues à l’écart de la culture dominante de notre monde. A ce titre, il abrite une collection de plus de 300 000 objets provenant d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Océanie. L’appellation « d’arts non-occidentaux » a été préférée à « arts primitifs » ou « arts premiers », à connotation trop négative car laissant entendre qu’il s’agit d’arts inférieurs aux arts occidentaux.
Voulue par le président Jacques Chirac, qui pousse aussi à l’adoption par l’UNESCO en 2005 de la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles, la création d’un tel musée est un geste symboliquement très fort de la part de la France, qui a été pendant des siècles une puissance coloniale convaincue qu’il était nécessaire de « civiliser » les peuples asservis, et n’hésitant pas à piller leur patrimoine, ou à organiser à Paris des expositions coloniales humiliantes. Le musée se veut le lieu où dialoguent les cultures pour favoriser la tolérance et l’ouverture à la différence.
Le bâtiment a été conçu par l’architecte Jean Nouvel. Il a la forme d’une passerelle, à l’image de celle qui pourrait relier les cultures, et est entouré d’un jardin paisible, propice à la méditation. L’un de ses murs est recouvert d’un mur végétal. C’est un grand musée national, mais aussi une université populaire, une médiathèque, un théâtre, un cinéma, et de nombreux événements et activités y sont organisés pour toutes sortes de publics. En outre, un centre de recherche consacré à l’anthropologie, l’archéologie, l’histoire et la linguistique y est établi. Le musée publie également sa propre revue d’anthropologie, Gradhiva.
A bien des égards, le musée prouve que la paix commence par reconnaître la légitimité de toutes les cultures, et sert cet objectif avec succès.
“La tolérance n’est pas une position contemplative.”
– Claude Lévi-Strauss